Les ressources repensées : perspectives de Veolia Canada

Construire des infrastructures hydriques résilientes pour l’avenir du Canada

Rédigé par Proof Points | 2025-11-20 20:00:00

L’eau est bien plus qu’un service public. C’est le système d’exploitation essentiel de toutes les communautés dans le monde, le fondement de la santé publique, de la croissance économique et de la compétitivité. Pourtant, malgré leur importance cruciale, les infrastructures hydrauliques continuent d’être sous-évaluées, sous-financées et de plus en plus menacées.

La dure réalité est la suivante : trop de nos réseaux d’approvisionnement en eau ont été conçus pour un autre siècle et sont gérés en se disant que « ça ira bien comme ça ». Le vieillissement des infrastructures, la volatilité des conditions climatiques, l’escalade des cybermenaces, la diminution du bassin de talents et le manque de capitaux pour les modernisations creusent un fossé entre les attentes des communautés et ce que les systèmes peuvent réellement offrir.

Pour aggraver la situation, les infrastructures municipales d’approvisionnement en eau représentent également une part importante des coûts liés à la construction de logements abordables. Selon la Fédération canadienne des municipalités, les infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées représentent à elles seules 50 % des 107 000 dollars nécessaires pour construire et soutenir un logement. 

Il faut aujourd’hui combler cet écart. Et plus nous attendons, plus cela coûte cher.

Mais la bonne nouvelle est que des solutions existent. Les opérations numériques, les traitements avancés, la réutilisation de l’eau et les modèles de financement innovants donnent déjà des résultats. Ce qu’il faut maintenant, ce sont des mesures audacieuses de la part des dirigeants du gouvernement.

 

 

 

Le défi : Pourquoi les réseaux d’approvisionnement en eau actuels sont-ils dépassés?

Partout au Canada, nous sommes confrontés à de nombreux défis.

Infrastructures vieillissantes et entretien différé : bon nombre de nos canalisations, usines de traitement et postes de refoulement ont 50, 60, voire 100 ans. Ils ont été conçus pour une population deux fois moins importante qu’aujourd’hui et n’ont pas été pensés pour répondre aux exigences actuelles. Chaque année, nous reportons leur entretien, augmentant ainsi le risque de défaillance catastrophique et le coût des réparations éventuelles.

Pressions climatiques et environnementales : nous observons une augmentation de la fréquence des sécheresses, des inondations et des phénomènes météorologiques extrêmes. Les sources d’eau qui étaient fiables depuis des générations deviennent imprévisibles. Les usines de traitement conçues pour des conditions historiques ont du mal à faire face aux nouveaux contaminants et à la qualité variable de l’eau.

Vulnérabilités en matière de technologie et de cybersécurité : à mesure que nous numérisons nos opérations, nous créons également de nouvelles surfaces d’attaque. Les réseaux d’approvisionnement en eau sont de plus en plus ciblés par les cybercriminels. Une attaque réussie ne perturbe pas seulement le service, elle peut également menacer la santé publique.

Pénuries de main-d’œuvre : la main-d’œuvre du secteur de l’eau vieillit. Nous perdons nos connaissances institutionnelles plus rapidement que nous n’acquérons de nouvelles compétences. Les jeunes ne sont pas assez nombreux à se lancer dans ce domaine, et ceux qui le font manquent souvent de formation aux outils numériques requis par les systèmes modernes.

Accessibilité financière et perception du public : les citoyens attendent une eau fiable et sûre à faible coût. Mais ils ne comprennent souvent pas le coût réel de l’entretien et de la modernisation des réseaux. Cela crée une pression politique pour maintenir les tarifs à un niveau bas, ce qui perpétue le cycle de sous-investissement.

Ces défis ne sont pas isolés, ils convergent vers une menace systémique. Les dirigeants locaux doivent prendre conscience de l’ampleur de ce défi pour le relever efficacement.

 

 

L’impératif de l’innovation : des solutions modernes pour un monde en mutation

Mais voici la bonne nouvelle : nous n’avons pas besoin d’attendre l’arrivée de nouvelles technologies miracles. Les outils dont nous avons besoin pour construire les systèmes de demain sont déjà disponibles aujourd’hui, et les municipalités partout au Canada les mettent en œuvre déjà pour améliorer leurs infrastructures hydrauliques.

    1. Les technologies avancées de traitement de l’eau, telles que la filtration membranaire, l’oxydation avancée et les processus de traitement biologique, permettent d’éliminer les contaminants émergents, de gérer la qualité variable de l’eau à la source et de réutiliser l’eau à grande échelle. Ces processus de traitement ont fait leurs preuves et sont de plus en plus rentables, prolongeant ainsi la durée de vie des installations.
    2. La transformation numérique et l’intelligence artificielle révolutionnent les opérations. Des capteurs intelligents assurent une surveillance en temps réel et des analyses prédictives identifient les problèmes avant qu’ils ne se transforment en pannes. L’IA optimise également les processus de traitement, réduisant la consommation d’énergie et les coûts liés aux produits chimiques tout en améliorant la qualité de l’eau. L’utilisation de jumeaux numériques permet aux opérateurs de tester des scénarios et de former le personnel sans mettre en danger les infrastructures.
    3. Les normes de cybersécurité et la résilience doivent être intégrées dès le départ. Cela implique la segmentation du réseau, une surveillance continue, des plans d’intervention en cas d’incident et des formations régulières. Le coût de la prévention ne représente qu’une fraction du coût de la remise en état après une attaque.
    4. Les systèmes décentralisés et modulaires offrent une flexibilité que les infrastructures centralisées traditionnelles ne peuvent égaler. Les systèmes de traitement plus petits et distribués peuvent desservir des zones en pleine croissance sans nécessiter d’investissements initiaux massifs. Ils sont plus faciles à moderniser progressivement et plus résistants aux pannes localisées.
    5. La formation et le perfectionnement de la main-d’œuvre sont essentiels, en particulier dans un secteur où la plupart des spécialistes approchent rapidement de l’âge de la retraite. Nous devons créer des partenariats avec des écoles techniques et des universités, et créer des programmes d’apprentissage qui combinent les connaissances opérationnelles traditionnelles et des compétences numériques. Il est également possible de rendre les carrières dans le domaine de l’eau attrayantes pour la prochaine génération en mettant en avant la technologie, l’impact et l’innovation dans ce secteur, et en les guidant vers les formations et les études nécessaires pour réussir leur carrière.

 

Arguments économiques : le retour sur investissement dans le domaine de l’eau

Abordons le sujet qui fâche : le coût. Oui, la modernisation nécessite des investissements. Mais le retour sur investissement, économique, opérationnel et social, l’emporte largement sur les coûts.

Les infrastructures hydrauliques sont un moteur de développement économique. Les entreprises ne s’installeront pas dans des communautés où les réseaux d’approvisionnement en eau et d’assainissement ne sont pas fiables. Les promoteurs immobiliers ne construiront pas sans une capacité suffisante. Chaque dollar investi dans les infrastructures hydrauliques génère plusieurs dollars d’activité économique. Des réseaux d’approvisionnement en eau fiables attirent les investissements, créent des emplois et augmentent la valeur des biens immobiliers.

Investir dans la résilience permet également d’éviter des coûts très importants. La rupture majeure d’une conduite d’eau principale peut coûter des millions en réparations d’urgence, en dommages matériels et en perturbations des activités. La panne d’une usine de traitement peut nécessiter d’avertir la population (consigne de faire bouillir l’eau), ce qui nuit à la réputation de la communauté et à l’activité économique. Les cyberattaques peuvent coûter des dizaines de millions pour rétablir le service. Investir de manière proactive dans la résilience coûte bien moins cher que de gérer les crises de manière réactive.

Les gains d’efficacité opérationnelle sont rentables. Les pompes à faible consommation d’énergie, les processus de traitement optimisés et les systèmes de détection des fuites réduisent les coûts d’exploitation année après année. De nombreux services publics constatent que les gains d’efficacité suffisent à eux seuls à financer une part importante de leurs programmes d’investissement.

En conclusion, les investissements stratégiques dans le domaine de l’eau ne constituent pas un coût, mais un moteur essentiel de la prospérité des collectivités. La question n’est pas de savoir si nous pouvons nous permettre d’investir. La question est de savoir si nous pouvons nous permettre de ne pas investir.

 

La voie vers des partenariats et des financements innovants

Comment financer cette transformation? Le financement municipal traditionnel ne suffira pas à lui seul. Nous avons besoin de nouvelles approches.

Les partenariats public-privé peuvent accélérer la modernisation en apportant des capitaux privés, de l’expertise et de l’innovation aux infrastructures publiques. Lorsqu’ils sont bien conçus, les contrats de prestation alternatifs (IPS, PDB, CMAR) et les partenariats public-privé transfèrent les risques appropriés aux parties les mieux à même de les gérer, tout en maintenant le contrôle et la responsabilité publics.  

Ces modèles d’exécution de projets doivent tenir compte de l’exploitation et de la maintenance pendant toute la durée de vie de l’installation.  Il est absolument essentiel que l’entité chargée de l’exploitation et de la maintenance soit impliquée dès la phase de planification et de développement des projets d’infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées.

Les partenariats industriels créent une valeur mutuelle. Les grands consommateurs d’eau, tels que les fabricants, les centres de données ou les transformateurs alimentaires, ont tout intérêt à garantir un approvisionnement fiable et peuvent co-investir dans des infrastructures qui répondent à la fois à leurs propres besoins et à ceux de la communauté.

La privatisation, bien que controversée, mérite un débat honnête. Dans certains contextes, l’exploitation privée de biens publics, assortie d’une réglementation appropriée, peut permettre d’offrir un meilleur service à moindre coût. La clé est d’assurer la protection de l’intérêt public au moyen de contrats solides et d’une surveillance rigoureuse.

Des modèles de financement innovants font leur apparition. Les obligations vertes attirent des investisseurs en quête de rendements environnementaux. Le recyclage des actifs permet de convertir les actifs existants en capital pour de nouveaux investissements. Les mécanismes de récupération de la valeur garantissent que ceux qui bénéficient des infrastructures contribuent à leur financement.

De nouveaux modèles économiques voient également le jour. Les approches « eau en tant que service », où les clients paient pour les résultats plutôt que pour les infrastructures, peuvent harmoniser les incitations et attirer de nouveaux capitaux. La consolidation régionale permet de réaliser des économies d’échelle tout en maintenant la responsabilité locale.

Notre avenir passe par une approche créative en matière de financement, de fourniture et d’exploitation des systèmes d’approvisionnement en eau. Il n’existe pas de modèle unique adapté à toutes les collectivités, mais il existe des options pour chaque cas. Le financement municipal traditionnel ne peut à lui seul relever le défi. Un financement diversifié et créatif est essentiel. Voici quelques outils de financement innovants :

  • Les obligations vertes attirent des investisseurs en quête de rendements environnementaux.
  • Le recyclage des actifs convertit les actifs existants en nouveaux capitaux d’investissement.
  • La récupération de la valeur garantit que ceux qui bénéficient des infrastructures contribuent à leur financement.
  • Les modèles « eau en tant que service » harmonisent les incitations sur la performance et non sur la propriété.

 

 

La ville intelligente et économe en eau de demain

Les villes avant-gardistes exploitent et exploiteront des infrastructures intégrées où les systèmes d’approvisionnement en eau, de traitement des eaux usées, de gestion des eaux pluviales et d’énergie fonctionnent ensemble, optimisant l’ensemble du système plutôt que des éléments isolés.

Elles disposeront d’opérations numériques où l’IA et l’automatisation se chargeront des tâches routinières, libérant ainsi les opérateurs qualifiés qui pourront se concentrer sur l’optimisation et la résolution des problèmes. Les données en temps réel permettront une gestion proactive, et les jumeaux numériques favoriseront l’amélioration continue.

La réutilisation de l’eau et la circularité deviendront la norme. Les eaux usées traitées seront considérées comme une ressource et non un déchet. Les nutriments seront récupérés. L’énergie sera produite à partir de matières organiques. L’eau circulera en boucles, et non plus seulement en lignes droites.

Et surtout, ces systèmes serviront les objectifs communautaires et d’équité. Tout le monde aura accès à une eau potable et abordable. Les populations vulnérables seront protégées contre les effets du changement climatique. Les infrastructures hydrauliques seront une source de fierté pour les communautés, et non plus seulement des canalisations invisibles.

À Ashbridges Bay, à Toronto, par exemple, les biosolides sont transformés en engrais de grande valeur qui sont utilisés dans les fermes de l’Ontario au lieu d’être mis en décharge, ce qui génère des revenus tout en résolvant un problème de gestion des déchets. Dans le Grand Vancouver, le système de valorisation énergétique des déchets transforme les biosolides en système de chauffage urbain, qui triplera presque sa production énergétique actuelle.  

Ce ne sont pas de petits projets pilotes. Il s’agit d’investissements majeurs dans des infrastructures qui génèrent un rendement économique tout en atteignant les objectifs environnementaux. Ils prouvent que la croissance économique et la performance environnementale ne sont pas incompatibles, mais complémentaires lorsque nous abordons les infrastructures de manière stratégique.

 

Mener la transformation des infrastructures hydrauliques

Les défis auxquels sont confrontés nos réseaux d’approvisionnement en eau sont réels, urgents et croissants. Mais les solutions le sont aussi. Nous disposons de la technologie. Nous avons des approches éprouvées. Nous avons des options de financement. Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est de leadership et de volonté.

Chaque dirigeant communautaire a le choix : investir stratégiquement dès maintenant ou payer le prix fort plus tard. Construire des systèmes pour 2050 ou rafistoler ceux de 1950.

Les communautés qui prospéreront dans les décennies à venir seront celles qui reconnaîtront les infrastructures hydrauliques pour ce qu’elles sont réellement : non pas un centre de coûts, mais un avantage concurrentiel. Ce n’est pas un problème à gérer, mais une opportunité à saisir.

Commencez par évaluer honnêtement vos systèmes actuels. Impliquez votre communauté dans la compréhension de la valeur réelle et du coût de l’eau. Créez des partenariats qui partagent les risques et accélèrent les progrès. Investissez dans votre main-d’œuvre. Adoptez l’innovation.

Et surtout : agissez maintenant. Chaque année qui passe rend cela plus difficile et plus coûteux.

Les villes intelligentes en matière d’eau sont aujourd’hui construites par des dirigeants qui comprennent que des systèmes d’approvisionnement en eau fiables, résilients et sûrs ne sont pas seulement des infrastructures. Ils sont le fondement de tout ce que nous voulons accomplir.